vendredi 26 juillet 2019

Psychologie à plein régime

Zonebourse.com
Vendredi 26
juillet
Le point hebdo de l'investisseur
introAu terme d'une semaine volatile ponctuée par de nombreuses publications de sociétés et la décision de la BCE en matière de politique monétaire, bon nombre d'indices ont établi de nouveaux records avant de reperdre un peu de hauteur en fin de semaine. Les opérateurs ont vendu les annonces de Mario Draghi, certaines données macro et microéconomiques décevantes ayant également servi de prétexte à quelques prises de bénéfices. Le bilan hebdomadaire n'en reste pas moins haussier pour beaucoup de places financières.
Indices
Sur la semaine écoulée, l'Europe gagne majoritairement du terrain, à l'image du CAC40 qui s'adjuge 1% ou du Dax qui grimpe de 1.2%. Le Footsie a, pour sa part, enregistré une performance de 0.5%.
Concernant les pays périphériques de la zone euro, le Portugal cède 0.8% alors que l'Espagne et l'Italie enregistrent des gains de 0.4% et 0.8%.

Aux Etats-Unis, le bilan hebdomadaire est également positif, le Dow Jones est stable tandis que le S&P500 et le Nasdaq100 engrangent respectivement 1.3% et 2.1%, après l'enregistrement de nouveaux records absolus mercredi.

En Asie, le Nikkei gagne 0.9% sur la semaine, le Shanghai Composite 0.7%, tandis que le Hang Seng perd 1.4%.

Pic de volatilité post BCE de l'indice Stoxx Europe 600 (bougies 30 minutes)

image
Matières premières
Les cours pétroliers gagnent un peu de terrain cette semaine, toujours soutenus par les tensions géopolitiques au Moyen-Orient. Dernier fait en date, l'Iran aurait procédé à un tir de missile balistique, un test permettant d'améliorer la portée et la précision de son arsenal. Le Brent se négocie ainsi autour de 63.6 USD, tandis que le baril de WTI se traite à 56.3 USD.

L'or et l'argent se stabilisent sur cette séquence hebdomadaire, les opérateurs font preuve d'hésitation, partagés entre la montée du dollar américain et les promesses des banquiers centraux, enclins à assouplir rapidement leur politique monétaire.
Du côté des métaux de base, le nickel entame une phase de respiration suite à son envolée de la semaine dernière tandis que le plomb poursuit sa marche en avant, à 2123 USD la tonne métrique.


Ratio argent / or : brusque réaction du métal gris contre l'or

image
Marchés actions
Les actions grecques :
Annoncer que le soleil brille de mille feux en Grèce ne surprendra personne. Mais proclamer que la légendaire canicule estivale, bordant la Mer Egée, se répand sur les marchés financiers helléniques peut en étonner plus d'un. En effet, l'indice des actions grecques (ASE) se trouve propulsé à plus de 43% de performance sur l'année, record planétaire pour 2019.
Les récentes élections qui ont vu le triomphe de la droite avec Mitsotakis et sa promesse de redonner la prospérité au pays ont réactivé les velléités acheteuses des investisseurs. Cette nouvelle donne politique a entraîné l'explosion des valeurs grecques. En parallèle, le marché obligataire a bénéficié de l'engouement sur les taux grâce aux politiques accommodantes des banques centrales. Le rendement de l'emprunt à dix ans est passé sous les 2%, soit en dessous de l'intérêt généré par la dette américaine.

Les principales valeurs ayant contribué à la forte avancée de l'indice ASE, se retrouvent logiquement dans le secteur bancaire, laminé depuis 2008. Attica Bank se valorise de 270% ainsi que Pireaus Bank (225%). Profile Systems, société de technologie, se place sur le podium des performances avec ses 215% de gains, suivie de près par Kekrops (immobilier) qui flambe de 180%.
S'il convient de mettre en relief ce cru 2019 exceptionnel (toutes les composantes de l'indice évoluent positivement), un peu de recul permet de constater que cette envolée des actions grecques fait suite à une baisse sans précédent depuis la crise de 2008. La preuve, les niveaux actuels de l'indice (-83% depuis fin 2007) se situent encore en dessous des plus bas de 2008.

Graphique de l'indice grec

image
Marché obligataire
Le marché obligataire reste soutenu par les propos très accommodants des banquiers centraux. Les records tombent un à un. En Europe, le bund profite que l'Allemagne garde son triple AAA, pour afficher un rendement de -0.37% alors que de son côté, l'OAT française génère -0.11%. L'Espagne s'offre également un niveau historique sur son emprunt « dix ans » à 0.34%. En parallèle, l'Italie bénéficie de ce contexte et voit sa dette se négocier sur une base de 1.5%.
Plus au sud, la Grèce devient le héros du marché obligataire. Le pays s'est engagé à poursuivre les réformes du marché. Le rendement de la dette de 2042 est passé de 25% de rendement (à l'été 2012) à moins de 4%. Athènes a même pu placer un emprunt de 7 ans à un rendement de 2%. C'est un signe que les investisseurs sont toujours à la recherche de rendements, poussant les obligations d'Etat grecques à 10 ans sur un niveau jamais atteint. En effet, pour la première fois de son histoire, le rendement de l'obligation est passé sous la barre des 2%.

Le Suisse s'inscrit aussi dans ce pic obligataire, avec sa référence à -0.77%. En Europe, la majorité de ces titres à taux négatifs est constituée d'obligations souveraines, mais de plus en plus d'obligations d'entreprises sont également concernées.
Aux Etats-Unis , le Tbond se stabilise au-delà des 2%, à quelques séances de l'intervention de J. Powell sur une baisse théorique du taux directeurs.
Marché des changes
Concentrés majoritairement sur le comportement de l'euro, les cambistes ont pu intensifier leurs trades sur la monnaie unique suite à la communication de la BCE.
La volatilité s'est fortement manifestée au moment de l'intervention de M. Draghi puisque la parité EUR/USD a « swingué » d'une centaine de points de base tout en restant sous les 1.12 USD. Face au franc suisse, le devise européenne tente un rebond technique à 1.11 CHF (+50 points de base). Les décevants PMI européens publiés dans la semaine avaient rajouté de la pression sur l'euro.

La menace d'une sortie sans accord de l'Union européenne qu'a fait planer M. Johnson demeure le scénario cauchemar des milieux économiques. L'incertitude politique ne va pas diminuer et elle continuera à peser sur la livre qui se maintient sur les zones basses face au yen (135 JPY), face au billet vert (1.25 USD) et contre l'euro (0.89 GBP).

Dans l'hémisphère sud, le dollar australien a chuté de plus de 1% après q ue le gouverneur de la banque centrale ait annoncé vouloir baisser à nouveau les taux directeurs. La probabilité de baisse lors de la réunion du 1er octobre est montée à 90%. L'AUD se négocie désormais à 0,692 face au dollar.
Statistiques économiques
Le FMI a annoncé avoir révisé en baisse sa prévision de croissance mondiale pour 2019, la qualifiant de morose et modérée, dans un contexte marqué par des tensions commerciales persistantes entre Pékin et Washington et un difficile Brexit en Europe. Le Fonds monétaire international table désormais sur une expansion de 3.2% cette année et de 3.5% en 2020.

Déception en Europe avec les indices PMI manufacturiers. Celui de la zone euro s'est, en effet, affiché à 46.4 points contre 47.7 anticipé. Le PMI manufacturier de l'Allemagne s'est également révélé décevant, à 43.1 points contre 45.1 anticipé. Toujours de l'autre côté du Rhin, le moral des entrepreneurs allemands a atteint, en juillet, un nouveau plus bas depuis 2014, à 95.7 points contre 97.4 points le mois précédent.

Outre-Atlantique, comme chaque mois, l'Université de Michigan a mesuré la confiance de consommateurs américains, il en ressort un indice à 98.4 points pour juillet contre 98.8 attendu. Les st atistiques économiques des Etats-Unis contrastent avec ceux de la zone euro. Les commandes de biens durables ont ainsi progressé de 2% en juin après un retrait de 2,3% en mai et les demandes d'allocations chômage hebdomadaires ont totalisé 206 000 requêtes, soit 10 000 de moins que la semaine précédente. Le PIB américain a, pour sa part progressé de 2.1% au T2 (première estimation) contre seulement +1.8% attendu.
La semaine prochaine le point d'orgue sera donné par l'intervention de la Fed puis en fin de séquence hebdomadaire, les opérateurs analyseront le rapport mensuel sur l'emploi, dont le taux de chômage.
Psychologie à plein régime
Les marchés transpirent quelques inquiétudes et en arrivent, de ce fait, à évoluer dans une totale confusion, à l'image des indices européens lors de la récente allocution de Mario Draghi. Entraînés à la hausse par des achats spéculatifs puis marqués rapidement par des replis tout aussi déroutants, les indices subissent des pics de volatilité passagers. La psychologie joue donc pleinement en ce moment sur les marchés financiers. Néanmoins force est de constater que les supports graphiques tiennent, validant au quotidien une tendance nettement haussière.

Un tiers du S&P500 et du CAC40 ont publié cette semaine sans réel impact indiciel. A ce jour, la saison des publications n'a pas délivré de mauvaises surprises mais n'a pas permis d'invalider le ralentissement des BNA (-3.7% en profits de masse sur les 155 sociétés ayant publié dans le Stoxx600).
En parallèle, l'érosion des indicateurs PMI se poursuit, d'où une dépendance accrue des marchés à la politique monét aire. De ce fait, la dernière intervention estivale de J. Powell sera suivie par la planète finance. Après des promesses qui ont alimenté le trend ascendant des marchés, il faudra que les discours se transforment en acte, et là encore, l'aspect psychologique des intervenants devrait jouer intensément.