vendredi 21 juin 2019

Les banquiers centraux dopent les marchés

Le point hebdo de l'investisseur
introA la faveur des discours accommodants des banquiers centraux, la BCE et la FED ayant notamment ouvert la porte à une prochaine baisse des taux, les places financières ont nettement progressé sur cette séquence hebdomadaire. Les opérateurs se sont mis en mode "risk on" pour clore ce 1er semestre au zénith, d'autant plus avec les espoirs d'une résolution prochaine du conflit commercial sino-américain à l'approche du sommet du G20.
Indices
Sur la semaine écoulée, tous les grands indices ont enregistré de très belles performances. 
Aux Etats-Unis, on notera tout particulièrement les nouveaux records absolus du S&P500, qui engrange, à l'heure de la rédaction de ce point, 2.5% (voir graphique). Le Dow Jones a enregistré une performance hebdomadaire de 2.9% et le Nasdaq100 a gagné 3.8%.

En Europe, le CAC40 a engrangé 3%, le Dax 2% et le Footsie 1%.
Pour les pays périphériques de la zone euro, le Portugal a perdu 0.1%, l'Espagne a progressé de 0.5%, l'Italie de 3.8% et la Grèce de 1.6%.

En Asie, le Nikkei s'adjuge seulement 0.67%, la hausse du yen ayant pesé sur les cours. Le Shanghai Composite signe la meilleure performance hebdomadaire, avec +4.1%. 

Graphique du S&P500

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L'indice vient d'inscrire un nouveau record absolu en séance et en clôture, mais il reste confronté à une zone de résistance historique
Matières premières
Les cours pétroliers ont fortement rebondi sur la semaine, poussés par les tensions dans la région du golfe Persique, suite à la destruction d'un drone américain abattu par les forces militaires iraniennes. Les tensions ont atteint leur paroxysme lorsque que les Etats-Unis auraient projeté, en guise de représailles, des attaques visant des cibles stratégiques en Iran, annulées au dernier moment par Donald Trump. Le Brent progresse de 4.7% à 65 USD le baril. 

L'or marque un sans-faute sur cette séquence hebdomadaire, soutenu à la fois par le regain de tensions internationales, les politiques accommodantes des banques centrales et la baisse du billet vert. Le métal doré s'adjuge ainsi près de 4.4% à 1400 USD l'once et s'extirpe d'une zone graphique majeure. Cet engouement profite à l'argent, qui s'apprécie de 3% à 15.3 USD. 
La baisse du dollar américain et les perspectives d'une rencontre Trump-Xi soutiennent le compartiment des métaux industriels, qui rebondit a vec énergie après plusieurs semaines de baisse. La tonne de cuivre se négocie ainsi à 5962 USD tandis que le nickel revient à 12245 USD. 


Expulsion haussière de l'or au plus haut depuis 6 ans

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Marchés actions
Facebook

Incontestablement une des valeurs de la semaine, Facebook vient de communiquer sur son projet de cryptomonnaie « Libra ». Développée en partenariat avec 27 groupes dont Uber, eBay, Mastercard, Visa ou encore Spotify, cette monnaie numérique sera indexée sur un panier de devises et pourrait voir le jour courant 2020. D'ici-là, les banques commerciales risquent de faire bloc contre ce projet, craignant un manque de contrôle sur l'usage et la création monétaire. 

La société californienne n'aura surement pas la même latitude pour se développer sur le terrain monétaire qu'elle en a eu pour conquérir sa position dominante actuelle sur les médias sociaux.
Le marché des cryptomonnaies a été reboosté par ce projet avec, en parallèle, la réouverture d'un débat sulfureux, mettant en confrontation les partisans et les réfractaires des devises virtuelles.

L'action Facebook s'inscrit parmi les plus fortes hausses de la semaine sur le Nasdaq, avec une av ancée de 7%, cumulant ainsi 16.5% sur le seul mois de juin. Cette progression lui permet de conforter ainsi sa cinquième place en termes de valorisation, à 535 milliards de dollars. Graphiquement le parcours de Facebook se démarque par une multitude de gaps, signe d'une forte nervosité. 


Graphique erratique du titre Facebook

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Marché obligataire
Les déclarations du président de la BCE ont fait plonger le taux français à 10 ans. Inquiets du contexte économique sur fond de guerre commerciale, les investisseurs se précipitent sur les actifs sûrs. Le taux des obligations d'Etat françaises à 10 ans est brièvement passé en territoire négatif, pour clôturer la semaine à 0.05%. Le Bund allemand a suivi la même courbe mais reste largement sous le zéro symbolique (-0.28%). 

La baisse des rendements de la dette publique touche tous les pays. Même l'Italie voit son taux à dix ans revenir à 2.1%. Les investisseurs japonais veulent investir sur l'emprunt émis par Rome car il offre le meilleur rendement en zone euro. La Suède et les Pays-Bas distribuent également des taux négatifs. 
De son côté, la Suisse possède la référence la plus recherchée avec un rendement de -0.53%, tout comme la dette nippone à 10 ans (-0,16%). 
Quant aux Etats-Unis, le Tbond se stabilise à 2.05% dans un climat où la FED, après avoir prépa ré le terrain pour une baisse des taux ces derniers mois, pourrait passer à l'acte.
Marché des changes
Le marché des devises a connu une forte volatilité suite aux annonces des banques centrales. Les cambistes se portent vers les monnaies refuges comme le franc suisse ou le yen, les deux gagnants de la semaine. La parité EUR /CHF se replie à 1.11 CHF tout comme le couple USD/CHF à 0.98 CHF. Quant à la devise nippone, elle progresse contre le billet vert à 107.4 JPY (-200 points de base).
Les perspectives de baisses de taux handicapent le dollar et l'euro, les deux principales devises subissent une pression vendeuse ce qui permet à la monnaie chinoise, le yuan, de se redresser à 6.87 CNY face au billet vert.

Emporté par la hausse des matières premières, le dollar canadien se valorise face à son homologue américain (+200 points à 1.32 CAD).
Dans l'hémisphère sud, le dollar australien persiste dans la baisse, en amont de probables nouvelles baisses de taux de la banque d'Australie. La parité EUR/AUD se négocie au sommet de 1.64 AUD.
Statistiques économiques
En juin, l'indice ZEW du sentiment économique allemand est retombé au plus bas depuis novembre 2018, à -21.1 (contre -5.7 attendu). L'excédent commercial s'est affaibli, passant de 18.6 à 15.3 milliards en avril. L'inflation est retombée à 1.2% en mai, après avoir atteint 1.7% en avril. La confiance des consommateurs a stagné à -7 et l'activité manufacturière s'est contractée en mai (47.8). En revanche, l'indice PMI services a fait mieux qu'attendu, en ressortant à 53.4 (consensus 53). 

Aux Etats-Unis, 1.29 million de permis de construire ont été délivrés en mai (identique au mois d'avril). L'activité manufacturière de la région de Philadelphie a quasi-stagné en juin (0.3, contre 10.6 anticipé). Les demandes d'allocations chômage ont diminué cette semaine, à 216K (contre 220K attendu et 222K précédemment) et les stocks de pétrole brut ont reculé de 3.1 millions de barils (consensus -1.5M). Enfin, la FED a décidé de maintenir ses taux inchangés (<2.50%). 

La semaine prochaine, l'indice Ifo du climat des affaires et la première estimation de l'indice des prix à la consommation pour le mois de juin, seront dévoilés en Europe. De plus, le Sommet du G20 débutera vendredi, pour deux jours, à Osaka au Japon. 
Outre-Atlantique, les investisseurs prendront connaissance de l'indice du Conference Board et des commandes de biens durables en début de semaine. Puis, la dernière estimation du PIB trimestriel, l'indice PMI de Chicago, l'indice de confiance du Michigan, les dépenses des ménages et enfin l'indice des prix PCE seront publiés en deuxième partie de semaine.
Les banquiers centraux dopent les marchés
Les récentes interventions des banques dopent les indices boursiers qui inscrivent de nouveaux records historiques. Globalement, les marchés actions se sont valorisés en moyenne de 15% sur 2019, soit six mois pendant lesquelles la FED est passée d'une normalisation monétaire à un assouplissement. Six mois de discours ont suffi à une remobilisation des investisseurs sur toutes les classes d'actifs, ce qui débouche sur une poussée historique des actions. Cette progression s'effectue en parallèle d'une extension du prix de l'or, au plus haut de six ans. 

Le marché obligataire n'échappe pas à la frénésie acheteuse, puisque 60% de l'ensemble des emprunts souverains émis par les pays riches dégagent un rendement négatif. 
Tous les voyants sont au vert pour signaler qu'une baisse des taux est quasi-certaine lors de la prochaine réunion du comité monétaire en juillet, en tout cas le marché l'anticipe pleinement, le but étant de bloquer au plus vite la montée des incert itudes sur le commerce international. 

La FED agit, de ce fait, par anticipation. Pendant combien de temps pourra-t-elle s'adapter aux agissements déroutants de D. Trump?

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